Depuis plus de deux ans, l’Ukraine est attaquée, malmenée, traversée par un conflit qui menace son existence et son propre territoire.
L’Europe, elle, discute, réfléchit, essaye d’être au plus près de sa mission universelle de la défense des peuples et des territoires mais on voit bien que le chemin est long et que la géopolitique n’est pas le temps des hommes.
Pendant ce temps, les femmes et les hommes souffrent, meurent…
Ce contexte terrible nous rappelle combien il est urgent et nécessaire de ne pas subir et de tendre la main, comme on le peut, à cette jeunesse ukrainienne qui attend de pouvoir s’emparer de son avenir.
Avec Laurent Gaudé, et à la suite de la création de NOUS L’EUROPE BANQUET DES PEUPLES au Festival d’Avignon en 2019, nous avons souhaité confier ce poème à une jeune troupe de théâtre ukrainienne de l’Université Dragomanov de Kyiv.
Ce poème, comme un cri depuis Kyiv, sera porté par de jeunes artistes et trouvera son aboutissement du 24 au 26 Mai à Kyiv et le 6 juin 2024 prochain à Paris, au théâtre de la Concorde.
Rappelons-nous quelles élections auront lieu le 9 juin 2024 !
Par le cri, l’être humain atteste de son existence. Par le cri projeté au-devant de lui il se fait une place dans un monde où il n’en avait pas.
Ce cri européen sera puissant parce qu’il sera brut, antérieur à toute forme de pensée politique.
Il ouvrira ainsi sur une parole première, celle de l’émotion, pour nous dire ensuite le poème de Laurent Gaudé.
Le poète, depuis la nuit des temps, a toujours anticipé ou participé à la construction du monde. La parole, dans le lieu sacré du théâtre, nous met face à la possibilité d’une île, nous rassemble pour dire ce que nous voulons être.
L’engagement de cette jeune troupe sera là pour affirmer que « L’EUROPE EST UNE GEOGRAPHIE QUI VEUT DEVENIR PHILOSOPHIE. UN PASSÉ QUI PEUT DEVENIR BOUSSOLE ».
Il ne s’agit pas de s’immiscer dans le débat politique mais bien de rappeler qu’aucun projet de civilisation ne s’est construit sans une dimension poétique et sensible.
Faut-il rappeler l’engagement de Victor Hugo et bien d’autres au sein de notre Europe … ?
Et Laurent Gaudé de nous redire encore et encore… :
« Dans les périodes de crise politique, la première victime, c’est toujours l’utopie. Le réalisme la ligote. L’urgence la rend ridicule. Qui a le temps de rêver quand les temps sont durs ? Et pourtant, qui veut d’un avenir qui ne soit pas frotté au rêve ? Il faut penser à demain, sans cesse … »
Roland Auzet